samedi 2 juillet 2022

Les dernières heures (Ruth Druart) (2022)

 

Auteure : Ruth Druat.

Traduit de l’anglais par Raphaëlle O’Brien.

Éditions : http://city-editions.com/

Date de sortie française : 29 juin 2022

Pages : 464.

Prix : 22€.

L’histoire commence en mai 1963 en Bretagne. Notre bon vieux pays. On y fait la connaissance de Élise et de sa fille Joséphine, âgée de 18 ans. Une famille qui n’a pas énormément d’argent.

Joséphine veut faire un voyage scolaire mais sa mère veut pas. Téméraire comme elle est, elle ne baisse pas les bras et décide de chercher son certificat de naissance pour se faire un passeport. C’est à ce moment-là qu’elle tombe sur d’étranges lettres écrites il y a un certain temps. Sur l’un des courriers elle découvre que Frédéric, son père, du moi,s celui qu’elle pensait être son père, a été tuer cinq avant sa naissance. Elle ne comprends plus rien. Sa mère a toujours été distante sur ce sujet. Jusqu’au jour où elle découvre enfin que son vrai père n’est pas Frédéric mais un certain Sebastian. Et par dessus tout, un allemand ! Un Boche et rien d’autre, pour elle. Un monstre. Forcément, quelques années après la deuxième guerre mondiale, la colère est toujours présente.

C’est comme ça que Joséphine, sur un coup de tête, décide de partir chez sa tante à Paris. Elles ne se connaissent pas tellement, c’est le moment de rattraper tout ce temps perdu. C’est une toute nouvelle facette de la vie pour elle. Mais surtout, contrairement à sa mère qui ne lâche pas un mot sur le sujet, sa tante Isabelle va faire tout le contraire. Elle va tout lui dire. Et nous, lecteurs/lectrices, on se mets facilement dans la peau de la jeune fille à la recherche de la vérité. Comme elle, on veut en savoir plus.

Voici l’autre magnifique couverture de l’édition anglaise.

L’auteure nous fait un bon dans le passé en allant en 1944, toujours à Paris mais cette fois à travers les yeux des parents, sous l’occupation allemande de la capitale française qui n’a plus la même joie qu’auparavant. Dans les rues, tout est devenu triste, vide, sinistre. La « Ville Lumière » n’a plus rien de lumineux depuis la venue des soldats allemands. Finalement, la seule chose qui donne du baume au cœur aux habitants, c’est l’amour et l’espoir.

Pour Sebastian, ce n’est pas facile pour lui. Aux yeux des gens, ce n’est qu’un soldat de plus, un Nazi qui sait parler correctement le français. Son boulot est de traduire les lettres de dénonciations. Mais pour eux, ça reste une pourriture et ils en ont peur. Alors qu’au contraire, il ne veut pas faire parti des autres monstres. Lui ce qu’il veut c’est de discuter avec les parisiens, prendre du bon temps, parler de tout et de rien. Il aime la France. Il veut en savoir plus sur ce pays. Il n’est pas pour l’injustice ni pour la violence et il ne peut pas faire grand chose contre ses collègues, au risque d’avoir de sérieux problèmes. Il est en fait comme un imposteur mais il est sur le terrain car c’est comme ça, il ne peut pas faire autrement, comme tous les autres soldats.

Du côté de Élise, son rôle durant ce combat de tous les jours est de faire s’enfuir le plus d’enfants possible d’un orphelinat de juifs. Elle et ses connaissances tentent d’être le plus prudents possible pour ne pas se faire prendre. Le jeune traducteur et la jeune Élise vont se rencontrer plusieurs fois et ça va être le coup de foudre.

Mais c’est loin d’être tout. Dans une autre partie de l’histoire, c’est le jour où Paris est libéré. On pourrait croire que ça y est, le plus dur est derrière eux mais ce n’est que le début. Il va se passer quelque chose de grave. Mais je ne dis rien de plus, il faut le découvrir par soi-même :)

Les chapitres sont à tour de rôles entre Élise et Sebastian. Ils sont courts et c’est passionnant d’en apprendre de plus en plus sur eux. On voyage à travers le passé et malgré l’horreur de cette triste période, c’est passionnant de revenir à cette date.. Les descriptions de la vie parisienne sous l’Occupation est incroyable avec aussi beaucoup de vraies informations. Tout comme comment la ville est joliment décrite avec toutes ces nombreuses places célèbres. J’ai même eu comme cette impression de lire une vraie histoire qui s’est vraiment passée plutôt qu’un récit fictif tant on peut facilement y croire.

Très rapidement je me suis attaché à cette galerie de personnages. Eux deux, au libraire qui a un bon cœur et tant d’autres. C’est une fiction mais c’est tout à fait possible qu’une histoire comme elle ait existé à l’époque. Entre amour, courage, trahison en allant du côté des ennemis du Reich pour réussir leur plan comme sur des roulettes, se mettre en grand danger tout comme son entourage si jamais ils se font prendre, en pleine région parisienne totalement modifiée sous la menace des allemands, c’est un roman qui tient à cœur avec cerise sur le gâteau, une belle plume. Ça fait froid dans le dos de se dire qu’en 1944 en France il devait y avoir tout un tas de récits comme celui-ci. Ils en ont eu de la force. Les dernières heures est divisé en plusieurs parties entre le début, le milieu pendant l’Occupation, la vie à la campagne en Bretagne avec une nouvelle vie. De nouveaux objectifs. Le bébé qui arrive. On change complétement d’ambiance et j’adore cette atmosphère de la France de l’ancien temps ! Puis on replonge pendant et après la guerre, jusqu’en Angleterre et voir ce qu’il se passe pour les soldats, pour finir d’en apprendre au maximum sur cette histoire qui fut très mouvementé, remplie de péripéties, de situations différentes et pleine de vieux secrets engloutis qui font surface aujourd’hui.

C’est seulement le deuxième livre de Ruth Druart (après L’enfant du train) et elle frappe fort à nouveau. Ça promet pour la suite !

Je vous mets un passage que j’ai adoré, ça montre la puissance des mots et la tendresse de Ruth Druart dans ce qu’elle écrit :

« Ce que Joséphine a appris de la vie, elle le doit aux livres. Dès qu’elle a su lire, elle les a dévorés : dans son lit, secrètement, sous les couvertures avec une torche, après qu’on lui avait ordonné d’éteindre la lumière ; sur la plage en été, allongée sur le ventre, le menton dans les mains, avec de petites nuées de sable voletant sur le papier. Entre ces pages, elle a appris la vie, l’amour, le courage et la lâcheté. Les mots ont un pouvoir. Ils peuvent vous abattre, vous élever, vous étreindre le cœur, vous faire tomber amoureux. Ou vous faire détester ».

Ce n’est pas vrai tout ça ?? Difficile de ne pas être d’accord quand on aime les mots et les livres :) 

Je tiens grandement à remercier City Éditions pour ce partenariat ! 

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