American Elsewhere (2018)

 

Auteur : Robert Jackson Bennett.

Éditions : https://www.albin-michel-imaginaire.fr/

Date de sortie française : 26 septembre 2018. Date de sortie originale : 12 février 2013.

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Laurent Philibert-Caillat.

Pages : 784.

.Prix : 29.00€.

Petit rappel, surtout si vous ne connaissez pas ou peu Albin Michel Imaginaire, j’avais écrit un article en 2018 sur la présentation de cette collection qui était nouvelle à l’époque : https://culturepassions.wordpress.com/2018/10/05/decouverte-de-albin-michel-imaginaire/ Depuis le temps il y a eu plein de nouveautés mais au moins vous aurez une vision de ce qu’ils proposent. On le sait, la science-fiction, l’imaginaire et d’autres thèmes de ce style a encore et toujours du mal à se faire une place sur le marché du livre en France. Sur leur site ils n’hésitent pas à parler des bonnes et des moins bonnes ventes. Ils sont totalement transparents avec leur public et ça c’est vachement intéressant pour nous, de voir l’envers du décors. Si ce n’est pas trop votre truc ce genre de lecture, soyez curieux et faites un tour sur leurs publications. Il y a de très belles surprises et il n’y a pas que de la SF, la preuve avec ce roman-ci. Voilà pour la parenthèse :)

Mona, ex-flic, assiste à un enterrement encore plus triste que la moyenne. Elle enterre son père mais il n’y a personne, juste elle et la personne qui s’en occupe. Un père dont elle était très distante à cause de son caractère pas facile. Elle découvre que sa mère, qui est également décédée depuis 30 ans car elle s’est suicidée et qu’elle n’a presque pas connue, avait une propriété au Nouveau-Mexique dans un coin inconnu qui est Wink, une petite ville. Elle ne le savait pas. Elle en devient propriétaire. Encore une enfant qui n’a pas eu la vie facile avec ses parents. Il lui reste quelques jours pour se l’approprier. Et elle a aussi récupérer la Dodge de son mère. Une nouvelle voiture en bon état et c’est comme ça qu’elle se rends à ce coin reculé. Elle veut enfin comprendre les mystères de sa mère, cette inconnue qu’elle n’a plus aucun souvenirs à part cette dernière journée où quelques minutes plus tard elle s’est suicidée à coup de fusil de chasse en plein visage. Pourquoi était-elle devenue complètement différente et devenue folle ? Pourquoi a t-elle fait cet acte horrible ? Elle en saura plus là-bas. Une ville qui n’est inscrite sur aucune carte et dont personne n’en a déjà entendu parler.  

Dès le début on y ressent une ambiance malsaine avec ces décors de désert, cette façon de vivre de motel en motel et de ne pas avoir de maison. La chaleur, le peu d’habitants…ce n’est pas dans cette région qu’il faut venir si vous n’êtes pas de bonne humeur. Tout est poisseux. En arrivant à Wink, l’atmosphère est très particulière. Elle arrive quand les habitants sont en plein enterrement. Décidément…Ici la Lune est toujours rose. Les gens qui vivent dans cet endroit insolite n’ont pas l’habitude de voir des étrangers. Ils sont toujours entre eux. Elle est donc accueillie d’une façon particulière. Il faut en avoir du courage pour rester ici. Mais son but est de voir cette fameuse maison qui peut être importante pour elle.

La couverture américaine du grand format. Un autre style mais tout aussi belle.

Pas loin du patelin de Wink se trouve un repos pour les camionneurs. Ils sont plusieurs à s’en occuper dont Bolan, le chef, en quelque sorte. Des gens aussi très mystérieux. Il reçoit des ordres par quelqu’un ou quelque chose et il se doit d’obéir à chaque demandes. On lui prévient qu’une personne est arrivée en ville. Tout le monde est soupçonneux. Ils ont l’air de tous cacher un secret. 

Malgré cette atmosphère très étrange et que tout le monde l’a dévisage, elle s’y sent bien une fois qu’elle y est. Il semble y à avoir quelque chose de pas normal mais elle s’y sent bien. Mais elle reçoit d’étranges appels anonymes lui disant qu’il faut qu’elle quitte la ville. Pour sa sécurité. Les gens vivent en sachant qu’ils sont surveillés jusqu’au moindre geste. Il y a des règles strictes. Surtout la nuit. Comme interdiction de sortir en dehors de la maison. Ce n’est pas si joyeux que ça en a l’air et attention aux conséquences si quelqu’un ne suit pas les règles. 

J’ai adoré en savoir de plus en plus sur Wink et de ses alentours. Beaucoup de mystères, de zones d’ombres et Mona va en apprendre davantage au fil de ses discussions avec les gens, les archives, les objets retrouvés de sa mère, de vielles vidéos, les différents lieux, tout le monde se connaît…C’est vachement passionnant et remplis de descriptions ! La ville est vraiment comme un personnage. Elle est le centre de l’histoire. C’est un patelin qui vie en dehors de son temps. Ils ne vivent pas comme partout ailleurs avec le stress, les mauvais comportements et tout ce qui se passe dans les autres villes et villages. On pourrait presque prendre ça pour une secte mais ce n’est pas le cas. Ils sont comme déconnectés du monde extérieur, comme si il n’y a que Wink qui existe à leurs yeux. C’est un jeu d’enquête grandeur nature pour Mona et aussi pour nous. Et ce jeu de pistes est très dangereux. Elle va découvrir le passé absolument terrifiant de cet endroit. Et maintenant qu’elle y est, elle ne peut plus en partir. Puis tout bascule. Tout devient de la folie. Ne plus savoir de quoi est réel ou n’est pas réel. Difficile de ne pas devenir folle comme sa mère l’est devenue autrefois. 

C’est une lecture où il faut s’accrocher et bien être dedans car ça devient de plus en plus difficile de tout suivre. Ça parle de science, du temps, de la physique et de plein d’autres sujets. J’avoue que dans la dernière partie du roman j’ai moins accroché que tout le reste. Après c’est quand même un livre de près de 800 pages et il y a énormément de textes. Toute la partie de la découverte de la ville, de ses habitants et de ses mystères est vraiment intéressante. Les personnages sont attachants et on veut savoir leurs secrets. L’écriture est superbe et la traduction est parfaite alors que ça ne devait pas être la traduction la plus facile au monde. Mais je trouve qu’une fois que Mona sait ce qu’il se passe, je n’étais plus trop dedans. Mais cela ne gâche en rien tout le reste. Il y a un bel univers avec de bonnes idées sous une très belle plume. Ça pourrait très bien être adapté pour un film.