jeudi 30 janvier 2020

Un Jardin de Sable (Earl Thompson) (2018)




Auteur : Earl Thompson.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean-Charles Khalifa.
Date de sortie française : 04 janvier 2018 (édition originale sortie en 1970).
Titre original : A Garden of Sand.
Pages : 832.
Prix : 24.50€.

Je voulais écrire un petit paragraphe sur la qualité des livres de  chez Monsieur Toussaint Louverture. Cette maison d’édition est certainement l’une qui prends autant soin de ses livres édités. Chaque livre est différent de l’autre. Aucun ne se ressemble visuellement. C’est une habitude, nous avons à chaque titre toutes les informations de l’objet livre avec quel type de papier a été utilisé, quelle police d’écriture, à quelle imprimerie et également comment a été conçue la couverture. 

Voici ce qui est écrit pour Un jardin dans le sable :
« La couverture est du Natural Sable de 325 grammes, souillée d’encre, puis sévèrement marquée au fer rouge avant d’être frappée encore et encore, pour l’atteindre jusque dans sa chair ».

Ce n’est peut-être pas des choses importantes pour certains mais personnellement, j’aime les produits physiques et quand un éditeur nous sort des réalisations aussi belles que celle-ci, c’est pour moi intéressant d’en savoir un tout petit peu plus de comment a été fait le livre que je tiens entre les mains. Ils ont un respect du livre. En plus de nous offrir des histoires toutes plus originales et marquantes les unes que les autres, ils arrivent à rendre aussi unique chacun de leurs bouquins. J’ai d’autres livres de chez eux comme Et c’est comme ça qu’on a décidé de tuer mon oncle (le côté des pages est vert), Moi, ce que j’aime, c’est les monstres (une immense BD hallucinante, il faut l’a voir pour y croire !), La maison dans laquelle et Watership Down. Tous sont comme des expériences littéraires à lire. Rien que pour tout ça, merci à vous pour ce que vous faites avec votre ligne éditoriale qui ne ressemble à aucune autre.
 


Passons maintenant au roman. Je dois vous dire que je viens de le finir et je ressors de cette longue lecture avec la déception de l’avoir fini. Je suis chagrin. C’est rare que ça m’arrive, pourtant. Mais là, ce texte est tellement dingue…Il faut que je vous raconte tout ça. Alors déjà je préfère prévenir que ce n’est pas un livre facile à lire. Je veux dire que suivant certaines personnes, elles peuvent être choquées de ce qu’elles lisent. Mais ce serait une erreur de pas persévérer. Vous comprendrez mieux après.
 
Durant ce long périple de 830 pages toutes bien remplies, on va suivre une famille. Dans la crise des années 1930. Et on verra plus particulièrement le petit Jacky. Il à moins de 10 ans et malheureusement pour lui, il n’a pas eu la chance d’être dans une famille sans problème et avec de bons moyens financier. La première partie se passe chez ses grands-parents. Son grand-père à une idée bien précise de la politique et peut devenir violent dès qu’on lui parle de Franklin Roosevelt. Sa grand-mère est la personne la plus normale. Il n’a plus de père et sa mère, Wilma, n’est jamais là pour l’élever. Pour gagner de l’argent elle pratique une activité pas terrible pour une femme.Il ne l’a voit quasiment jamais. Plus tard il aura une nourrice et là aussi, il va vivre dans de la violence et il va voir de ses propres yeux des scènes obscènes pour son âge. La seconde et longue partie se passe chez sa mère avec son beau-père. Durant son enfance ils vont faire que de déménager pour tenter une nouvelle vie avec plein de belles promesses comme sa mère et son beau-père qui tentent d’avoir un boulot mais ça ne se passe jamais et les problèmes arrivent toujours et c’est comme ça qu’il va vivre. Dans une misère totale, avec sa mère qui couche avec n’importe qui, des passages d’une violence inouïe et avec un langage remplis d’injures et d’insultes. C’est pour toutes ces raisons que ça peut être une lecture difficile à lire. Car la plume de l’auteur, du moins dans ce roman, c’est du sale, du sale et encore du sale. J’ai rarement lu un bouquin aussi violent et aussi cru dans les mots utilisés.


C’est loin d’être un long fleuve tranquille pour ce petit jeune où on va le suivre de ses 7-8 ans à presque ses 14 ans. C’est comme un road-trip à travers plein d’endroits de l’Amérique en pleine crise où à chaque fois on va se dire que c’est enfin le bon moment pour eux alors que non et c’est même de pire en pire. Et vous savez quoi ? Le pire, c’est que dans n’importe quelle autre histoire, tous ces personnages horribles et scandaleux on les trouverait pire que des têtes à claques. On en aurait marre de ces monstres qui ne savent même pas élever un gamin. Eh bien dans Un jardin de sable, je n’ai pas eu ce sentiment. Cela reste personnel et ce n’est peut-être pas le cas pour les autres mais personnellement, chaque personne est attachante. Ce qui est étrange comme avis. Le grand-père est raciste et violent, la mère est une bourrique qui fait absolument n’importe quoi de sa vie et s’en fou éperdument de son enfant, le beau-père est une saloperie d’alcoolique et un monstre car il ne vie que dans de la violence et les injures et pourtant, avec la qualité incroyable de l’écriture de Carl Thompson, j’étais attaché à tout ce vilain monde. Sauf aux nombreux autres têtes qui sont des prédateurs, des violeurs, des hommes remplis de violence. Mais quand on fait la rencontre d’une nouvelle tête, on ne sait jamais si c’est une bonne ou une mauvaise personne.





C’est une histoire tellement folle, tellement dure, tellement choquante, que j’étais avec eux. On ressent tellement les coups qu’ils se prennent…Je voulais à chaque fois qu’ils s’en sortent, que ça devienne enfin une belle petite famille américaine, certes sans argent mais au moins respectable. Il est loin le rêve américain. Mais l’auteur ne nous sert pas un monde de Bisounours où à la fin tout le monde est content et tout le monde est heureux. Le plus fou dans cette histoire c’est qu’il n’y a rien d’incroyable. On le sait tous qu’il y en a plein qui ont déjà vécu tout ça et même encore aujourd’hui ça existe. Ces gens ont besoin d’aide mais dans une société comme celle-là où l’humain devient de plus en plus personnel…Et Le jardin de sable a été écrit en 1970 ! On pourrait facilement croire qu’il date de notre époque.
 
Je ne dévoile pas tout non plus et vous verrez plein de passages dans la vie de Jacky comme quand il va à l’école, c’est aussi un moment de sa vie qui ne se passe pas comme ça devrait l’être pour tous les enfants de son âge. En même temps, comment un gosse qui assiste à des choses inimaginables à 10 ans peut évoluer dans le bon sens ? Ce n’est pas possible. Surtout quand il n’y a aucune aide extérieur. Et c’est comme ça que plus on avance dans les pages, plus il a un comportement étrange, obscène.
 
Arrivé à la fin de ce pavé, je voulais que ça continue encore et encore. Pendant que j’écris, ce livre me fait même ressentir une étrange sensation. Je me dis que, comment c’est possible d’aimer à ce point un texte comme lui ? Dans ces pages, il y a tout ce qu’on déteste : de la violence, de l’alcool, de la drogue, du viol, du racisme, de la misère, de l’obscène, du non respect et j’en passe des pires. Ça sortirait en film que ça ferait sans doute des polémiques dans tous les sens. Donc je me pose la question, comment ça se fait que moi et plein d’autres gens (parce que oui, ce livre est un chef-d’œuvre pour énormément de gens, il suffit de lire la préface en premières pages de Donald Ray Pollock pour voir à tel point il marque) pouvons-nous l’aimer à ce point ? J’ai envie de répondre que c’est grâce à la plume de folie de l’auteur. En même temps pour réussir à faire tenir autant de lecteurs et de lectrices devant plus de 800 pages, c’est bien que ça montre que l’écriture est parfaite avec des personnages horribles mais à la fois attachants. C’est scotchant !

Merci pour cette traduction qui est, je tiens à le dire, parfaite ! J'ose imaginer l'effort et la difficulté que ça devait être à le traduire. Du boulot de dingue, Jean-Charles Khalifa ! Et un boulot de dingue aussi pour la beauté du livre et avec ses pages d'une sensation au toucher très agréable ! C'est le perfect. 


La superbe nouvelle que je viens de me faire en écrivant cet article, c’est qu’une suite existe, disponible également chez Monsieur Toussaint Louverture ! Au nom de Tattoo, avec exactement le même style de couverture et de papier, on suit la suite des aventures de Jacky qui a maintenant 15 ans ! Et attention ! On dépasse le premier tome pour atteindre les 1024 pages dans ce second tome !! Il me le faut absolument. Je comptais lire un autre roman après lui dès le lendemain mais finalement changement de programme ! Pour garder tout ça bien au frais, il faut lire la suite comme si on reste dans Un Jardin de Sable. Je vous montre la couverture :




  



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci pour vos commentaires :)